Quand les élèves se projettent dans leur avenir
Pas moins de 2’100 classes de toute la Suisse se sont rendues aux SwissSkills 2025, à Berne. Entre enthousiasme, doutes et découvertes, les enseignant·e·s romand·e·s partagent leurs impressions sur cette plongée unique dans l’univers de la formation professionnelle.

Dans les halles animées de BERNEXPO, les yeux des élèves brillent devant la diversité des métiers. Entre un essai de soudure, une démonstration de soins infirmiers ou une initiation à la robotique, ils découvrent des univers insoupçonnés. Pour beaucoup, c’est une première immersion concrète dans le monde professionnel, où l’on peut tester et échanger directement avec des apprenti·e·s passionné·e·s.
Le trajet depuis la Suisse romande prend du temps, et certain·e·s enseignant·e·s s’interrogent sur la pertinence de mobiliser des classes de 9H. Andrea Scalisi, enseignant à Lausanne, observe: «Je pense que, pour ces élèves, la formation professionnelle reste très abstraite, les SwissSkills leur donnent certainement des idées de carrière, mais ils continuent à être plus intéressés par les goodies.» Son collègue Mathieu Alou ajoute: «Il est difficile pour nous de savoir ce qu’ils retiennent vraiment.»
Pourtant, les visites sont préparées en amont grâce au matériel pédagogique fourni par SwissSkills. Les élèves, encouragé-e-s par leurs enseignant-e-s, dressent une liste des métiers qui pourraient les intéresser afin de cibler leurs découvertes. «Je pense que c’est important d’encourager les jeunes à se renseigner sur la formation professionnelle, même celles et ceux qui se destinent à des hautes études.», souligne Alice Haym, enseignante à Apples. Elle ajoute: «Les élèves voient que d’autres voies existent, à côté du parcours académique, et qu’il est tout à fait possible de s’épanouir dans un apprentissage.»
Inspiré·e·s par leurs pairs
Les zones «Try a Skill», où les jeunes mettent la main à la pâte, rencontrent un franc succès. «Je pense que les zones où les élèves peuvent essayer les métiers sont plus importantes que les compétitions, même si celles-ci rendent les métiers très concrets», estime Manon Burkhard, enseignante à Apples.
En Suisse romande, la formation professionnelle reste parfois confrontée à l’influence du modèle français, où le baccalauréat est perçu comme incontournable. Les SwissSkills permettent de briser ces préjugés. Jérôme Armengol, conseiller romand en orientation, insiste: «Les jeunes voient des apprenti·e·s passionné·e·s qui s’investissent à fond dans leur profession et qui aspirent à participer à des compétitions internationales. C’est très inspirant pour elles et eux de voir leurs pairs épanoui·e·s et passionné·e·s.»